Quelle indemnisation en cas de mort de la victime ?

Si une personne décède suite à une infraction pénale, ses proches, généralement les membres de la famille, sont considérées comme des « victimes par ricochet ». Elles sont fondées à demander, devant une juridiction pénale, une indemnisation couvrant les préjudices qu’elles ont subi mais uniquement si certaines conditions sont remplies. Il faut en premier lieu que la responsabilité pénale de celui qui a causé la mort puisse être engagée. D'une part, il faut qu'il puisse être reconnu coupable de l'infraction pénale. D'autre part, il faut que cette derniére présente un lien de causalité avec la mort de la victime. Si le juge pénal considère que la personne poursuivie est innocente il faudra alors rechercher sa responsabilité devant le juge civil. Notez que de manière générale il est plus "facile" d'un point de vue juridique d'engager la responsabilité civile de quelqu'un que sa responsabilité pénale.

Il est relativement aisé d'estimer montant des dommages et intérêts que peuvent percevoir les victimes d'infractions qui n'ont pas subi de dommages corporels. C'est en revanche beaucoup plus difficile lorsqu'il y a eu une atteinte à l'intégrité physique ou psychique. L'indemnisation des victimes indirectes peut être scindée en deux parties. Il y a d'une part les préjudices patrimoniaux, c’est-à-dire l’ensemble des conséquences financières liées à la mort de la victime. Il y a d'autre part les préjudices extrapatrimoniaux c’est-à-dire toutes les conséquences qui ne sont pas financières. Il s'agit des souffrances psychologiques liées au décès de la victime et/ou à ses circonstances.

Maître Jean-Paul TESSIER est avocat au Barreau de Paris. Il pratique le droit pénal depuis plus de 10 ans et assure la défense de victimes d'infractions et d’accident de la circulation. Il intervient du dépôt de plainte jusqu’à l’audience de jugement.

Quelle est la différence entre homicide involontaire, meurtre et assassinat ?

L'homicide involontaire est un délit. Comme son nom l'indique, la mort de la victime n'a pas été causée volontairement. Puisque c'est un délit, l'auteur des faits sera jugé par le Tribunal correctionnel. Par exemple, l'auteur d'un accident de la route peut être condamné pour homicide involontaire, s'il commet une des fautes visées à l'article 221-6-1 du Code pénal. Ce texte vise la violation manifestement délibérée d'une obligation particulière de sécurité ou de prudence. Il peut s'agir d'alcool au volant, de conduite sous stupéfiant ou encore d'un excès de vitesse.

Le meurtre et l'assassinat sont tous deux des crimes. Dans les deux cas,  l'auteur des faits a volontairement cherché à tuer la victime. Cependant, la loi pénale distingue les deux par la notion de préméditation. En effet, l'assassinat est défini par l'article 221-3 du Code pénal comme étant un meurtre prémédité. Puisqu'il s'agit de crimes, le Ministère Public désignera obligatoirement un juge d'instruction. L'auteur des faits sera jugé par la Cour d'assises.

L’indemnisation du préjudice économique de famille

Il s’agit ici de l’indemnisation que la famille de la victime peut demander pour compenser le préjudice financier en lien avec la mort de cette derniére.

Perte de revenus des proches

Il s’agit ici de compenser la perte des ressources subie par proches du défunt. Ces ressources peuvent être entendues comme les ressources financières que ce dernier consacrait à ses proches. Prenons l'exemple d'un père de famille mort dans un accident de la route. Le préjudice subi par sa famille est la perte des revenus qu’il consacrait à sa famille. Cela s'entend des sommes qu'il allouait aux charges du foyer tel que les frais de logement, de nourriture, d’éducation et autres dépenses de la vie courante. Les revenus pris en compte sont ceux que le défunt aurait perçus jusqu’à la fin de sa vie. À ce titre, l’INSEE estimait en 2015 que l’espérance de vie moyenne était de 78,9 ans pour un homme et 85 ans pour les femmes. Ainsi, si un homme décède à 35 ans, les revenus perdus pris en compte sont les salaires qu’il aurait perçus jusqu’à son départ à la retraite, puis la retraite qu’il aurait perçue jusqu’à 78,9 ans.

Ces ressources s’entendent également du temps que le défunt allouait à certaines tâches et qui permettaient à la famille de réaliser une économie. À titre d’exemple, on peut évoquer le temps consacré à la garde des enfants ou à l’entretien de la maison. Dans ce cas-là le préjudice à indemniser sera les sommes dépensées pour employer une garde d’enfant et une personne faisant le ménage.

Frais d’obsèques

Le préjudice subi dans ce cas de figure est constitué par l’ensemble des dépenses liées aux obsèques de la victime. Il s’agit généralement des sommes dépensées pour le transport du corps, l’achat du cercueil, d’un caveau voire d’une pierre tombale.

L’indemnisation du préjudice moral de la famille

Il s’agit ici de l’indemnisation des souffrances morales des proches de la victime.

Préjudice d’affection

C’est la réparation du préjudice moral subi par les proches de la victime décédée. Il s’agit ici de dédommager financièrement la tristesse liée à la disparition d’un être cher.

De manière générale, la jurisprudence considère que le degré de tristesse éprouvée est fonction de la proximité avec la victime, ce qui en général revient à regarder le lien de parenté, Pour les personnes qui sont situées en dehors de la famille, ce préjudice est également indemnisé, mais il est nécessaire de prouver les liens affectifs qui existaient.

À côté de cette indemnisation classique du chagrin des proches il est également possible de réclamer des dommages et intérêts si un parent de la victime a développé, suite au décès de cette dernière, une maladie traumatique invalidante.

Par exemple, cela sera le cas d’une épouse qui perd son mari et qui, suite à l’état dépressif dans lequel elle tombe, perd son travail et ne parvient pas à en retrouver. A la différence du préjudice d’affection classiquement indemnisé, il est nécessaire d’avoir recours à une expertise médicale pour la prouver ainsi qu’à un certain de nombre de justificatifs.

Préjudice d’accompagnement de fin de vie

Il s’agit de l’indemnisation du préjudice moral, plus précisément de l’angoisse subie par les proches de la victime, si cette dernière a connu une agonie ou état végétatif avant de décéder.

Le préjudice de mort imminente

Ce sont les souffrances morales que la victime directe a éprouvées en attendant une mort que son état lui permettait d’envisager comme imminente. L’indemnisation, qui est due à la victime directe, est transmise au moment de son décès à ses héritiers.

Qui paie l'indemnisation ?

Les dommages-intérêts liés à la mort de quelqu'un sont souvent conséquents. Se pose donc la question légitime de savoir comment la personne condamnée va pouvoir les payer.

Si la responsabilité de l'auteur d'un homicide involontaire a été engagée c'est bien souvent son assurance qui prendra en charge le paiement des dommages-intérêts. Attention, les assurances couvrent exclusivement les conséquences d’actes involontaires.

Enfin, si l'auteur des faits n'a pas pu être identifié, la victime a la possibilité de saisir la Commission d'indemnisation des victimes d'infraction (CIVI). La CIVI est une commission qui siège dans chaque Tribunal de Grande Instance. Les indemnités sont alors versées par le Fonds de Garantie des Victimes des actes de Terrorisme et d’autres Infractions (FGTI) Le FGTI est financé par l'ensemble des contrats d'assurance souscrits en France.

Contacter un avocat en dommage corporel

Si vous envisagez une action en justice, il vous est conseillé de faire appel à un avocat maîtrisant le droit de la réparation du préjudice corporel. Maître Jean-Paul TESSIER conseille et accompagne, tout au long de la procédure d'indemnisation, les victimes de dommages corporels  causés par une infraction ou un accident de la circulation.

Il intervient du cabinet du juge d’instruction jusqu’au procès pénal (Tribunal correctionnel, Cour d'Appel Cour d'assises ou audience de CRPC). Vous pouvez prendre contact par e-mail ou téléphone pour tout renseignement.

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